En juillet 2009, je tombe enceinte pour la première fois.

Quand je vais rendre visite à mon médecin généraliste pour confirmer la grossesse, le test qu'elle me donne devient positif si rapidement qu'elle m'avertit de me préparer aux nausées matinales en raison de mon taux d'hormones élevé.

Peu de temps après, je développe de sérieuses nausées matinales. Pendant toute la grossesse, j'ai constamment des nausées et des vomissements, jour et nuit. Je passe quelques séjours à l'hôpital à cause de la déshydratation. Je ne semble rien digérer la plupart du temps, donc les jours où je me sens mieux, je mange à l'excès.

Mon corps est submergé par les changements qu'il subit et, je ne me sens pas maitresse de ma propre grossesse, tout en continuant à prétendre que tout va bien.

À l'époque, je travaille des horaires irréguliers, du soir et de la nuit, avant d’être déplacée sur les fonctions de jour et de soirée exclusivement et enlever les nuits.

Je continue à travailler jusqu'à 2 semaines avant ma date prévue d’accouchement, malgré mon corps et mon esprit atteignant leurs limites. À ce stade, je ne sens plus tout à fait humaine.

Quand j'atteins ma date de terme, les obstétriciens de la maternité me parle de déclenchement, j'ais maintenant une ‘date d’expiration’: une fois passée les 10 jours, ils ne me donnent pas d’options.


Un jeudi soir, alors que j'ais ces fameux ‘dix jours de retard’, j’arrive au CUMH avec mon mari, pour être déclenchée. Alors commence une longue série de décollement de la membrane, d'injections et de gels en vain ; et puis, finalement, ils percent la poche des eaux.

Malgré toutes ces interventions, mon bébé n'a aucune intention d’évacuer sa toute première maison, et donc le processus se poursuit indéfiniment.

On m’envoye pour arpenter les couloirs, on me dit de continuer à monter et descendre les escaliers. De temps en temps, j'ai une forte contraction qui me met à genoux, mais ce que je ressens, c’est que rien ne se passera jamais et que je resterais enceinte pour toujours, en prenant soin de mon bébé à l'intérieur sans jamais le rencontrer en personne.

Alors commence les offres de drogues pour apaiser la douleur, mais il me semble, plutôt, pour me rendre plus docile et calme et mois bruyante. Une sage-femme me dit qu’il est temps de me donner de la péthidine, « un analgésique narcotique de synthèse qui se fixe aux mêmes récepteurs que la morphine dans le système nerveux central » (source : Organisation Mondiale de la Santé). Je veux refuser, je sais que cette substance vient de la même famille que la morphine, que l’héroïne, et ma formation professionnelle m’informe des réactions immédiates et risques de cette drogue.

Encore une fois, on ne me donne plus le choix, on m’injecte la péthidine. Immédiatement mon corps réagi en convulsion et je commence à vomir violemment. Puis, je me retrouve dans une sorte de stupeur, je ressens toujours autant la douleur, mais je ne peux plus bouger, plus parler, plus me plaindre.

Je sais que l’on parle autours de moi, des personnes vont et viennent, les contractions continuent, s’intensifient mais je ne peux plus réagir ou m’exprimer. Je perds la notion du temps.



Mon bébé se retrouve en détresse, je suis allongée, attachée à un appareil de monitoring, demandant une épidurale, mais à cause d'un rythme cardiaque irrégulier, ils ne peuvent pas me la donner.

Après ce qui semble durée une vie de cauchemar en continue, ils trouvent finalement un rythme cardiaque régulier chez mon bébé pendant assez de temps pour me permettre l’épidurale.

L'anesthésiste vient, me parle de la procédure et met en place la péridurale.

Je lui demande combien de temps cela prendra pour faire effet, mais je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase.

Un très grand sentiment de, ce que je ne peux que décrire comme, vide et paix totale me submerge en une énorme vague.

Je me recouche et je m’endors. Quand je me réveille, une sage-femme me dit que je suis prête à pousser et m’explique comment lire sur la machine de surveillance oú en sont mes contractions, je ne ressentirais plus rien avec l’épidurale.

Chaque fois qu'une contraction arrive, j'en ressens la sensation, le resserrement au plus profond de mon ventre, mon bébé descendant lentement, chaque muscle se contractant à l'unisson, mais pas de douleur !

J'ai finalement l'impression que je suis sur le point de me réveiller de ce cauchemar. Jusqu'à ce que la sage-femme appelle le docteur parce que mon bébé est coincé et ne progresse plus.

Elle voit des signes de méconium. Le docteur vient et me dit qu'elle doit effectuer une épisiotomie pour pouvoir utiliser les forceps ou la ventouse pour extraire mon bébé.

Pour la dernière fois durant cet accouchement, une intervention est faite sans me demander mon consentement et l’on me coupe.

On me dit d'inspirer profondément pour permettre aux instruments d'entrer puis de pousser aussi fort que possible pour permettre à mon bébé de sortir.


Le samedi 13 mars à 3 h 23 du matin, mon petit garçon est enfin né.